L’église de Saint Pierre de Curtille
La troisième église, toujours dédiée à Saint Pierre prince des Apôtres, est l’œuvre de l’architecte piémontais Ernest MELANO, capitaine au corps royal du génie civil, ingénieur de 1ère classe dans la province de Savoie, qui travaillait alors à la restauration de l’abbaye de Hautecombe.
Elle a été édifiée en 1838 en partie grâce aux libéralités de la Reine Marie Christine. A cette époque, le style dit classique était en vogue. Le Roi de Sardaigne, Charles-Félix, venait de faire édifier à Turin en 1831, par Ferdinand Bonsignore, l’église de la « Gran Madre di Dio », vaste rotonde inspirée du Panthéon d’Agrippa à Rome, cette église des Martyrs établie dans un ancien temple romain qui était alors le monument de l’antiquité le plus copié par les architectes néo-classiques.
C’est de cet esprit que procède la construction de l’église de St Pierre de Curtille avec sa vaste coupole centrale décorée de caissons à fleurons peints en trompe l’œil. Melano avait fait bâtir en 1825 à Hautecombe la chapelle Saint Félix, petite rotonde couverte d’une voûte à caissons fleuris de la même inspiration.
L’église de St Pierre de Curtille a été bénie le 29 juin 1840 et consacrée le 24 avril 1844. Elle est inscrite à l’inventaire des Monuments Historiques depuis 1981.
Le chœur a été repeint en 1894 par F. ROMELLA.
Début de la restauration intérieure : 1992, fin des travaux : 1998.
Depuis quelques années la tribune était fermée au public car le plancher menaçait d’effondrement. Celui-ci a donc été renforcé avec pose d’un carrelage en terre cuite semblable au carrelage d’origine.
Le décor de la coupole représentant des caissons en trompe l’œil orné de rosaces a été restauré. Le plafond du chœur qui avait souffert d’infiltrations d’eau a été également restauré.
On a placé dans les fonds baptismaux, des panneaux de bois sculpté datant du XVème siècle (anciens agenouilloirs du chœur de l’église). Ces panneaux de boiseries (nouvel autel / fonts baptismaux) proviennent d’Hautecombe. Deux du XVème siècle sont aux armes de Sébastien d’Orlier Abbé commendataire d’Hautecombe de 1473 à 1498, et les autres des XVème et XVI siècles. Toutes ces boiseries ont été classées Appellation Origine Architecturale (AOA) le 15 mai 1922.
Au dessus de l’hôtel majeur, une grande toile représente la libération de saint Pierre par un ange. Elle est signée J. GUILLE, 1842. De chaque côté du grand tableau, des sondages ont révélé un fronton semblable à celui de la façade de l’église.
Ces découvertes ont orienté le réaménagement intérieur. C’est ainsi que la chaire a été déplacée ainsi que la statue de Jeanne d’Arc et la plaque commémorative des morts de guerres, bien mises en valeur par leur emplacement actuel.
Au centre du cimetière se dresse un obélisque de pierre surmonté d’une croix de fer. Il recouvre la tombe d’un des sculpteurs d’Hautecombe, Candide Cacciatori, né à Carrare le 20 août 1804, mort à Hautecombe le 13 décembre 1837, à qui l’on attribue « les Pleureuses » de l’église abbatiale d’Hautecombe.
Trois prêtres sont enterrés dans le cimetière du Val de Crêne : les Révérends Jacquier en 1675, Gatier en 1760 et Berthet en 1804.