La Légende de la Pierre de l’Évêque
Il advint qu’en 1802, les autorités de l’Eglise décidèrent de revoir les limites administratives entre les diocèses de Belley et de Chambéry. Afin que leur territoire soit plus équilibré. Cette limite entre les deux diocèses passait quelque part entre Lucey et Saint-Pierre-de Curtille.
Les deux évêques de Chambéry et de Belley décidèrent de régler ce problème d’ordre territorial le plus rapidement possible. Mais bien sûr, chacun d’eux voulait repousser le plus loin possible de chez lui les limites de sa juridiction. En même temps, les deux évêques voulaient trancher en toute sagesse.
Ils décidèrent qu’ils partiraient tous les deux de leur évêché respectif au premier chant du coq, et qu’ils marcheraient avec leur mule à la rencontre l’un de l’autre… Et à l’endroit précis où ils se rencontreraient, ils feraient placer la borne délimitant les deux diocèses.
La veille du jour fixé, les deux prélats préparèrent leur expédition. Et surtout, ils rendirent visite à leur coq, le suppliant de lancer très tôt son chant matinal. Afin de partir avant le concurrent et gagner du terrain sur la limite en question. A titre d’encouragement, l’évêque de Belley doubla la ration de grain pour son volatile. Tandis que le prélat de Chambéry, décida de priver son coq de toute nourriture.
Qu’advint-il le lendemain matin ? Le coq savoyard qui avait le gésier vide chanta beaucoup plus tôt que d’habitude. Alors que celui de Belley, repus et rassasié, ne lança son premier cocorico que vers les neuf heures du matin.
Et la borne délimitant les diocèses fut bien plantée au point de rencontre des deux évêques et de leurs mules. Mais elle se trouve à plus de 30 km de Chambéry. Alors qu’elle n’est qu’à une dizaine de kilomètres de Belley.